Archéologie

La parenthèse des vacances s'achève en douceur pour moi, je n'ai que quelques heures de cours à donner aujourd'hui et j'ai déjà préparé la suite des réjouissances et le tas de copies à corriger est modeste... et, et, et.
Je lis les journaux, je navigue sur la Toile. Et puis je m'immerge dans la lecture d'un roman oublié depuis trente ans ; je me fais l'effet d'un archéologue qui ouvre une chambre secrète et découvre des fresques préservées : les couleurs sont vives, les portraits ont un relief bouleversant, les émotions, les douleurs, le désir, l'absence, le manque sont intacts et cette lecture me rend à ma propre fragilité. Ce n'est pas désagréable, au contraire, je me sens plus riche. C'est ce que je cherche au travers de mes lectures, des labyrinthes où me perdre pour mieux me trouver, des miroirs pour passer à travers, comprendre, apprendre. Planter des racines, grandir. Quand je lis, la vie acquiert un poids, elle cesse d'être volatile et de s'évaporer sans aucune finalité. Une mesure d'ordre est imposée au chaos d'images et de sensations. Les turbulences cessent d'être des courants qui emportent mais se transmuent en énergie vitale. Je lis, j'écris, et l'écriture est le prolongement naturel de la lecture. Une nécessité, un plaisir.