Les jardins seront luxuriants

Premier mouvement de la journée, aller consulter les éditions des principaux quotidiens en ligne, découvrir ce que j'espérais, l'élection de Barack Obama. Plus tard dans la journée, je regarde des reportages sur la façon dont des Américains expatriés en France reçoivent la nouvelle : je retrouve l'image d'une Amérique que j'avais enfant, un pays dur, hostile mais où construire et inventer de nouvelles façons de vivre ensemble était possible. à force de détermination.Cette image était enfouie sous des couches de cendres et de poussières toxiques et comme si un puissant mistral avait soufflé, l'élection d'Obama balaie tout et l'image renaît. Même pour nous, citoyens de la vieille Europe, le sentiment de renouveau est un baume. Aujourd'hui, le monde prend un petit air neuf, l'air est vif.

A force de pluie, l'herbe brûlée par l'été a repoussé et les rousseurs d'automne voisinent avec un vert printanier ; le contraste est si violent, qu'il fait mal aux yeux... Je me demande s'il faut commencer à construire une arche mais il est peut être déjà trop tard pour ça : je n'ai que deux chats bougons, quelques plantes en pots, un ou deux sachets de graines de basilic et de coriandre à entreposer dans les flancs de mon vaisseau. Ah oui, des bouquins et des DVD, largement de quoi tenir quarante jours et quarante nuits.  Il pleut tant qu'il n'est pas question d'aller faire le tour du lac en courant en passant à travers bois et comme il faut absolument que je bouge sous peine de rester pétrifiée, calcifiée, fossilisée devant mon ordinateur, mardi, j'ai décidé de m'inscrire à la salle de sport que je fréquente de temps à autre quand le temps est trop désagréable. Les randonnées à pied ou à cheval, les via ferrata, c'est pour plus tard. Donc, ce matin, deuxième séance. Tout en ayant l'impression d'être enfermée dans une boîte de conserve (à plus d'un titre !), j'ai apprécié de sentir mon corps obéir aux efforts que je lui imposais sans rebellion.

J'écris, je fais quelques ajustements. C'est comme au cinéma : le scénario d'abord, après je verrai la photographie, la lumière, le montage. Je me raconte une histoire, tranquillement. Ce qui ne veut pas dire que je sois vraiment tranquille !

J'ai eu besoin de faire une pause et j'ai enfin pu voir le film d'Eran Riklis, Les citronniers ; j'admire la façon dont lui et les acteurs donnent de l'étoffe aux personnages et leur histoire. Je suis émue par ces variations sur le thème de la solitude et  de l'isolement.