Fumerolle
Il semble qu'à chacun de mes voyages, je sois obsédée par un thème spécifique, comme par exemple l'eau claire à Annecy, et cette année, les fumerolles.
Comment vous dire la trépidation de mon âme, les frémissements sur ma peau, les trémolos dans ma voix, lorsque pour la première fois du séjour, à peu de kilomètres du lac de Thingvallavatn, j'ai aperçu ma première fumerolle ?
J'ai pensé à Giono dans Colline : "Y a ça, qui ne va pas, fait Jaume, en montrant, au-delà des Bastides la terre, nue, balafrée, noire, où courent des fumerolles."
Oui, ici aussi la terre est nue, balafrée, mais moi je sens l'exaltation d'une qui a le privilège de contempler le monde à ses racines. Ces fumerolles dans le paysage islandais ne sont que l'indice de la force bouillonnante sous la croûte de terre où je marche. Un peu de pensée magique, je me concentre et je me persuade que j'absorbe une parcelle de ces forces vives. Je ramasse un caillou, un autre talisman, au cas où. Ma fille se fiche de ma bobine...