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Portes et miroirs
21 juillet 2008

Entracte

Hier soir, après une petite journée irradieuse dans le Tricastin, j'ai voulu me remettre à la composition de ce journal à épingler sur la Toile mais j'ai entendu une bande son qui m'a fait dresser l'oreille ; j'ai abandonné là mes velléités de journal de bord pour me plonger sans remord dans le film de George Cukor, Gaslight (Hantise, en français).

Oh, les cadrages sur le visage d'Ingrid Bergman, les gris subtils, le jeu de l'ombre et de la lumière. Le suspense est éventé dès la première minute, se plaignent les critiques. Mais tant mieux, tant mieux. Je n'ai aucun goût pour le suspense d'aucune sorte.
Quand je lis un roman, après les premières pages, si je juge que je vais me laisser happer sans retour, je vais lire le dernier chapitre. Quand je vais voir un film, je récolte tous les renseignements possibles sur le fil de l'intrigue. Les diaboliques de Clouzot, je ne l'ai vraiment dégusté qu'à la seconde fois ... Me demander tout au long du film comment le destin des personnages sera scellé, non, c'est au-dessus de mes forces ! C'est assez d'être moi dans le suspense quant à ma propre existence... Par quel coup ma vie sera-t-elle transformée en destin comme l'écrit en substance Jean Cocteau ? Suspense insoutenable... Alors toutes les fois que c'est possible, je m'arroge le droit de savoir d'abord la fin pour  savourer en toute quiétude la manière dont on s' y achemine  ; je veux m'attacher à chaque réplique, chaque phrase ; aux détails, aux éclairages, aux images, aux métaphores, aux choix des bruitages et de la musique, des textures et des saveurs. En un mot, je veux profiter de l'histoire sans avoir le souci de la fin. Cela procède peut-être d'une volonté d'imposer une mesure d'ordre au chaos afin de dégager un sens dans toute sa plénitude.

Fins comme vous l'êtes, vous avez remarqué que ce journal, je le rédige à postériori ? En effet, je suis saine et sauve, personne ne s'est retrouvé au service des grands brûlés à Reykjavik, on ne s'est pas perdu sur un glacier... Je vous évite les affres du suspense.
Oui mais si je n'ai pas rédigé ce carnet au jour le jour, c'est tout simplement parce que je ne disposais que d'un ordinateur avec un clavier islandais... J'aurais eu une écriture à l'accent islandais, exotique certes, mais peu compréhensible...


Allons, il est temps d'aller nourrir les poissons, ils tournent en rond dans leur bocal.
suicide_poisson_rouge

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