Collection

Je le savais déjà, mais ils me l'ont confirmé, les trois mages. Il faut écouter ce que disent les pierres. Alors je poursuis ma collecte de cailloux et mon sac s'alourdit de pierres ponces, de malachite, de  liparite... Elles me fascinent, je voudrais les emporter toutes, m'en faire des bagues, des colliers, des sculptures. J'aime leur couleur, leur texture ; les os calcinés de Gaïa. A première vue, ces paysages de plaines, de cratères, de volcans assoupis ne sont que déserts stériles, brûlés, où rien ne peut subsister. Mais je crois à la vie du minéral, qui ne s'écoule pas du tout à la même échelle que la vie organique. Il y a de l'esprit dans les rocs, les Japonais le savent qui révèrent les pierres et les installent aux places d'honneur dans leurs jardins.
Je me vois déjà à l'aéroport, piteuse devant une hôtesse qui me demande de vider mon sac et retourner mes poches. Vous essayez de passer de l'Islande en contrebande ou quoi ? Allez, pas d'histoire, vingt kilos de cailloux, c'est déraisonnable : il faut économiser le carburant, chaque kilo compte et coûte...
Aux gens que j'aime tout particulièrement, j'ai ramené des petits morceaux de Snaesfell, le volcan par où Jules Verne fait entrer ses héros pour le Voyage au centre de la terre. On dit de ce volcan qu'il est l'une des sept sources d'énergie vitale de notre monde. En offrant mes pierres,  j'ai souligné leur valeur de talisman.