Conserver, restaurer, créer

Soleil pâle et bruit monotone de pluie, la neige fond.
Avant de retourner en plongée dans mon massif corallien, puisque je ne peux pas travailler sur  Le silence des autres, à cause du verglas qui limite nos déplacements, je décide de saisir un autre des manuscrits d'Hubert Nyssen, Une année comme les autres. Il date de 1965 ; comme les archéologues du Rhône, je compte bien ramener ce manuscrit enfoui dans un limon de papiers, de magazines et de journaux au fond d'une étagère à la place qui doit lui revenir : à la lumière  des lampes de lecture, lampes de chevet, lampes de bureau.
J'aime faire ce travail, c'est à la fois une leçon de construction, d'écriture et aussi du grain à moudre, de l'eau à mon moulin... L'un des héros cite une phrase d'un certain Nadaud : le romancier doit échapper à lui-même pour y retourner avec l'oeil du témoin. Oui sans doute ; c'est l'une des multiples voies que le romancier peut emprunter ; trouver en soi un passage à gué vers d'autres territoires, c'est plutôt ainsi que j'envisage mes voyages dans l'écriture pour le moment et en ce qui me concerne. La lectrice en moi apprécie infiniment que d'autres conçoivent l'écriture autrement.