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Portes et miroirs
5 décembre 2008

Couleurs vives, saveurs acides

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Hier c'était la Sainte Barbe. C'est le jour où traditionnellement on sème des grains de blé, des lentilles sur un lit de coton pour garder la maison des coups de foudre. L'an dernier déjà, j'avais oublié de le faire, cette année j'oublie encore. Je crois que je n'ai nulle envie de me garder des coups de foudre, pourtant si je n'aime pas les fêtes de Noël et ce qu'elles représentent, j'aime faire pousser des plantes en plein hiver et j'aime les sapins à l'intérieur des maisons, pour l'odeur : forêt, montagne, le dehors est dedans, les gants se retournent. Je sais qu'il existe des bombes qui diffusent l'odeur du sapin de Noël. Culture hydroponique du blé et des lentilles, odeur de sapin en bombe et neige artificielle : je deviens neurasthénique... Pourtant la lumière est revenue, en milieu de matinée, le soleil était au ciel, impassible et aveuglant, un petit vent l'accompagnait, petite laine de rigueur. Si je n'allume pas le feu, j'ai l'impression d'avoir froid dans mon bureau, immobile devant l'ordinateur. Comme la boue des derniers jours interdit l'accès au lac, je vais faire deux heures de sport en boîte et mon sang de navet circule à nouveau et mon cerveau a sécrété tant d'endorphines qu'avant de rentrer, je passe au magasin de poêle à bois et marchande sans vergogne le prix d'un modèle qui nous avait intéressé... J'ai gain de cause mais il faut attendre deux mois ! Je renonce, il faut reconnaître ses limites et ne pas s'obstiner quand la cause est perdue, mon poêle, c'est maintenant que je le veux !

Avant de me remettre à l'écriture, j'écoute la Messe de gloire de Puccini qu'Hubert Nyssen, involontairement, m'a remise en mémoire. Une messe, tu parles ! Elle a toutes les couleurs et les ornements d'un opéra et on entend des échos d'Aïda dans certains passages ; c'est parce que cette oeuvre que Puccini avait remisée au placard et refusé d'éditer ne ressemble pas à une messe que je l'aime. En l'écoutant, je me sens extraordinairement vivante.

Je consulte les entrées pour le mot absolu dans le Grand Robert et aussi dans un petit ouvrage que j'ai conservé du lycée, Le nouveau vocabulaire philosophique d'Armand Cuvelier. J'y découvre la notion de temps absolu, où l'on apprend qu'il est indépendant des phénomènes qui s'y passent ; tout comme l'espace absolu qui, lui, est indépendant des objets qui le remplissent. A de rares instants, j'ai pu accéder au temps et à l'espace absolus : je ne saurais dire combien de temps l'expérience a duré, ni où j'étais exactement... Le retour à la normale s'apparente au passage de l'apesanteur à la pesanteur.

La pesanteur, par exemple, c'est lire dans l'édition de Libération en ligne la déclaration de Chantal Firmigier-Michel, procureur de la République au sujet de descentes de police qui ont eu lieu dans un collège et un lycée professionnel du Gers : "Les élèves ont peur de ces contrôles ; ça crée de la bonne insécurité, satisfaisante à terme en matière de prévention." Je me dis que les femmes sont des hommes comme les autres et que l'avenir est sombre. Je retourne à mon Corail de Darwin, je voudrais lui éviter la contagion des couleurs du temps, mais j'ai du mal à réintégrer le temps et l'espace absolus. J'ai besoin de couleurs vives et de saveurs acides pour retrouver mon élan.P1030201


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