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Portes et miroirs
24 octobre 2008

Demi-teintes

La_m_re_et_son_enfant








Journée en demi-teintes, dehors, dedans. Je lis un essai écrit par Hubert Nyssen en 1971, Sémantique à bâtons rompus, et j'y relève quelques phrases dont je fais mon miel :

"Nous justifions les mots que nous employons par les réalités qu'ils nous servent à désigner mais nous justifions ces réalités par les mots dont nous nous servons."

Cette impossible situation s'appelle un diallèle. J'adore ce mot. Un cercle vicieux, un serpent, qui  voulant prouver qu'il existe, se mord la queue.

D'autres phrases, un peu plus loin :

"... remettre le langage en cause, c'est en quelque sorte briser le miroir de notre conscience."

"...le jour où archipel signifiera papier-buvard sans que le lecteur soit prévenu, il se passera dans son esprit des choses terribles."

A écouter la radio où lire les journaux, il me semble que plusieurs mots ont ainsi changé de sens sans que nous soyons prévenus et notre conscience s'en trouve bouleversée ; je pense à des mots comme modernisation, progrès ou solidarité ; on peut ajouter respect, droit, transparence, valeur. Mais évidemment, il faut un contexte à ces mots, c'est pour ça que j'ai du mal à comprendre... En outre, dans son essai, Hubert Nyssen fait remarquer que par exemple  le mot train n'évoque pas la même image au 18ème siècle  ou au 20ème ; ça me donne un agréable vertige, je poursuis ma lecture et je trouve :

"... la tyrannie que les mots imposent à notre pensée, les carcans dans lesquels le langage nous emprisonne..."

Aussitôt ma pensée suit un autre chemin et je m'aperçois que j'ai oublié de noter une idée dont j'ai besoin pour mes nouveaux personnages au sujet des conversations au téléphone ; l'un d'eux ne les aime guère parce que le silence y est impossible. L'intimité du silence (en anglais on parlerait de companionable silence) est totalement étrangère au concept de l'échange téléphonique. Sitôt qu'on garde le silence au bout du fil, l'autre croit à une coupure de communication, à tous les sens du terme, surtout s'il s'agit d'une conversation amoureuse. On se croit obligé de meubler le silence, par des riens, car le non-dit au téléphone peut prendre des dimensions terrifiantes et hors de propos. Être bref au téléphone, là aussi, il y a un défaut de communication. Le téléphone, c'est bien pour les jeunes gens ou pour les rendez-vous à noter. Le texto ou SMS, finalement c'est mieux, si on veut s'en tenir au téléphone...

Ma pensée ayant suivi ce sentier de traverse, j'ai repris ma lecture et je vais me mettre en quête d'un exemplaire sur un site de vente d'occasion, car l'ouvrage est épuisé. Heureusement, pour me consoler, du même auteur, le journal de l'année 2007 intitulé L'année des déchirements vient de paraître et je le mets dans ma valise pour lire dans ma retraite de montagne dès dimanche : pas d'internet, donc ni courriel ni jourriel, alors écriture, lecture et promenades. Et s'il neigeait ? Oh, ce serait la fête, j'aime la neige...P1020965

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