Radio, Mnouchkine, les JO, l'enfer, le paradis...et Edvige

Sur le chemin du retour, j'écoute Ariane Mnouchkine invitée sur France Inter ; elle parle des trois clips sur les JO de Pékin diffusés sur le net. Le ton  presque exaspéré du journaliste me laisse pantoise. Comme toujours dans ce genre de prise de position, on met au banc des accusés la personne qui soulève la pierre et montre la vermine grouillant dessous. On se gausse de sa prétendue honnêteté intellectuelle; on sourit de sa naïveté ;  on lui reproche de ne rien comprendre aux enjeux économiques ; on lui reproche sa myopie et son étroitesse d'esprit ; on lui en veut d'éclabousser le plaisir du jeu de quelques gouttes de mauvaise conscience ; on lui reproche de nous casser les pieds... on se montre paternaliste et condescendant avec elle.
Ariane Mnouchkine, souveraine, explique ses choix. Le journaliste baisse d'un ton. Est-ce une mise en scène ? L'a-t-il attaquée pour mieux faire passer le message au travers des herses dressées du discours officiel ? Ce qui me frappe surtout c'est l'attitude des athlètes qui semblent gominés et uniquement centrés sur leurs performances et les journalistes également gominés et au garde-à-vous : pas un cheveu ne bouge. Qui avait avancé l'argument en faveur du déroulement des jeux à Pékin parce que nous aurions la possibilité d'ouvrir des portes et des fenêtres ? Non, tout le monde s'extasie devant les roulements de mécanique du géant chinois. Dans le même temps l'ours russe se dresse sur ses pattes et le monde n'est qu'un troupeau de gorilles  se frappant la poitrine pour affirmer le droit du plus fort. Dans la brume.

Plus tard, je file voir ces fameux clips et je lis les commentaires qui les accompagnent : le pain et les jeux du cirque, le pouvoir d'achat et les JO de Pékin, voilà ce qui semble compter pour la majorité d'entre nous. Mais heureusement, ce n'est qu'une vue fragmentée de la réalité. Je suis assez souvent optimiste, un jour oui, un jour non, et je sais que de nombreuses personnes, soit à titre individuel soit regroupées en associations, ne se laissent pas imposer le modèle de société médiocre et superficiel véhiculé en priorité par la télévision. Il faudrait que nous tous, les discrets, les poseurs de questions, gens de bonne volonté qui doutons, commencions à montrer que nous existons aussi. Nous pourrions saturer le fichier EDVIGE, en créant en masse des associations et en s'engageant dans la vie de la cité ; d'accord, nous serions fichés comme délinquants en puissance...
Par quelle association d'idées la maxime l'enfer est pavé de bonnes intentions me vient-elle à l'esprit ?
Oui, c'est à propos d'EDVIGE ; je suis sûre que la compagnie dans ce fichier d'enfer est bien plus stimulante  qu'au paradis benoîtement représenté par Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. Et voilà. Moi qui m'étais juré de ne pas parler de ces icônes de magazines.