Notes de voyage - Deuxième jour, mardi 8 juillet

Définitivement réveillée à 7 heures. Au chauffeur de taxi qui nous a conduit à Birkimelur j'avais demandé "Is it going to get any darker than this ? " (il était presque une heure du matin) ; il a répondu "Nope". Accent américain. Voilà, j'ai ce que je voulais, m'affranchir de l'alternance du jour et de la nuit qui me donne parfois le sentiment d'être enfermée dans un sablier qu'on tourne et retourne. Je voulais savoir ce que ça faisait de ne plus devoir couler, filet de sable, étranglée par ce rythme immuable. Rester dans la lumière, oublier d'avoir sommeil, ne s'adonner qu'à de merveilleuses siestes.
En plus il fait soleil.
Brève visite de Reykjavik. C'est d'une laideur presque rassurante : j'allais me sentir trop loin de mes frères humains. En fait, ce qui me rassure, c'est que toutes les constructions ont l'air de jouets posés sur le sol, sans racines. Une secousse, un coup d'épaule, et la terre pourrait se défaire de ces excroissances comme un chien de ses tiques. Les gens que je croise ont l'air heureux. Il fait soleil, en plus.